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Innovation : des chirurgiens guérissent l'incontinence urinaire grâce aux muscles de la cuisse

A l’occasion de la semaine mondiale de la continence urinaire (du 21 au 26 juin 2022), nous avons souhaité lever le voile sur un sujet trop souvent tabou : l’incontinence urinaire à l’effort chez la femme. Quelles en sont les causes ? Peut-on la guérir ? Quelle option thérapeutique choisir ? Pour en parler, nous avons tendu le micro au Dr Benoît Peyronnet, chirurgien urologue, et au Dr Harold Common, chirurgien orthopédiste. Depuis deux ans, ils mêlent leurs spécialités pour proposer une option thérapeutique autologue (sans corps synthétique) qu’ils sont les seuls à pratiquer en France : la technique de la bandelette aponévrotique de fascia lata.

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L’incontinence urinaire à l’effort : ses causes, ses symptômes

L’incontinence urinaire à l’effort est principalement due à une faiblesse ou à un dysfonctionnement des muscles du sphincter urétral retenant l’urine se traduisant par des fuites lorsque la personne est active (sport, toux…).

Parlez-en, des solutions existent !

Handicapante, cette pathologie touche de nombreuses femmes avec une prévalence qui tend à augmenter avec l’âge ou selon l’intensité de son activité physique. Toutefois, cela n’a rien d’une fatalité, à condition d’en parler à son médecin.

On ne le rappellera jamais assez, la rééducation périnéale et les mesures hygiéno-diététiques demeurent les options non chirurgicales à privilégier. Chez de nombreuses femmes, une alimentation adaptée et des exercices de renforcement du périnée peuvent se révéler très efficaces.

Mais lorsque cela ne suffit pas, des solutions chirurgicales existent au premier rang desquelles figure la bandelette synthétique sous-urétrale, technique la plus fréquemment utilisée qui consiste à placer sous l’urètre une bandelette synthétique pour le soutenir et empêcher des fuites lors des efforts. Citons également l’injection d’agents comblants dans le canal urinaire qui vont venir renforcer le sphincter ou les ballonnets péri-urétraux dont l’objectif est là-aussi de soutenir l’urètre. Parlons enfin, pour ne citer que ces quelques exemples, du sphincter artificiel urinaire qui consiste à placer un dispositif en silicone comprenant un anneau placé autour de l’urètre.

La bandelette aponévrotique de fascia lata : une technique autologue encore méconnue

Alors que la législation encadre depuis peu de façon stringente le recours au prothèses synthétique en chirurgie urologique comme dans d'autres spécialités, de nouvelles techniques voient le jour pour privilégier des options autologues où le receveur et le donneur d’un greffon donné sont un seul et même individu.

C’est le cas de la bandelette aponévrotique de fascia lata qui consiste à prélever dans la cuisse de la patiente un tissu – le fascia – pour le placer sous l’urètre, en soutien. Dotée de propriétés similaires aux bandelettes synthétiques, cette technique permet d'éviter les complications prothétiques comme les infections ou les érosions des tissus voisins.

L’interdisciplinarité : un réflexe

Aujourd’hui en France, seul le CHU de Rennes propose cette option aux patientes qui y sont éligibles. Démarrée il y a deux ans, le Dr Benoît Peyronnet s’est formé aux États-Unis à cette technique. Cette dernière nécessitant le prélèvement préalable d’un greffon au niveau de la cuisse, le service d’urologie a pu compter sur la collaboration spontanée du service d’orthopédie à travers la participation du Dr Harold Common à ce procédé opératoire.